La Prestic Ouiston
Un trio pour une carte blanche

Biographies
Laurence Mahéo a créé La Prestic Ouiston il y a presque 20 ans, une marque de mode, porteuse dès l’origine de valeurs dont tous se réclament aujourd’hui : liberté, intemporalité, durabilité, féminité. Un art de vivre, une façon d’être, qui s’expriment en premier lieu par des blouses, des robes, des tops, des pantalons… en soie, gracile et non fragile, colorant un quotidien qui en adopterait la fluidité.
Elle commence avec des foulards chinés qu’elle mixe, les motifs se croisent, les couleurs se confrontent. Puis elle sollicite d’autres artistes, des femmes : Laurence Kiberlain, écrivaine et dessinatrice, dès 2008. Ensemble, elles imaginent des dessins invitant aux voyages, sentimentaux, astraux, avec détours bretons. Laurence Kiberlain ne trace ni traits, ni courbes fluides, mais de façon obsessionnelle, une multitude de ronds plus ou moins gros, qui définissent les corps, les objets, les formes et les visages représentés.
Stéphanie Bonvicini, sculptrice, se retrouve, elle aussi embarquée par Laurence Mahéo, qui sans cesse élargit l’horizon, les horizons de la création, en frayant de nouvelles aventures. Elle lance sa propre maison d’édition Chabadabada, publie ses deux premiers livres et propose aussi les "mots en céramiques", "plaqués dans la terre comme aux origines de l’écriture" deStéphanie Bonvicini. Un trio très poétique, en soie, en mots, en dessins.
Entrevue avec Laurence Maheo
Pour quelles raisons avez-vous accepté cette carte blanche avec la Faïencerie de Gien, pour fêter ses 200 ans ?
Pour ouvrir sur une nouvelle collaboration artistique pour moi inédite avec cette faïencerie prestigieuse.
Quelles sont les inspirations auxquelles vous avez fait appel lors de cette collaboration ?
Mes souvenirs d’enfance à la plage, mes collections de coquillages, une tombe merveilleusement naïve au cimetière marin de St Tropez.
Comment avez-vous appréhendé la technicité de cette matière et des savoir-faire de la Faïencerie ?
Je me suis laissée aller. Instinctivement j’ai peint, dessiné, collé, assemblé en essayant de ne pas être impressionnée par le savoir faire magistral de la faïencerie de Gien, sinon je ne l’aurais pas fait!
Comment l'univers de la décoration et des arts de la table, que vous avez approché avec cette carte blanche, entre-t-il en résonance avec votre propre univers ?
La transmission du savoir me touche beaucoup ainsi que la possibilité de pouvoir faire partager mon univers assez primaire avec l’histoire plus classique et institutionnelle de Gien.
Que retenez-vous de cette expérience ?
L’envie de recommencer ! Ce que je vais faire…


Entrevue avec Laurence Kiberlain
Pour quelles raisons avez-vous accepté cette carte blanche avec la Faïencerie de Gien, pour fêter ses 200 ans ?
Laurence Mahéo avec qui j’imagine des illustrations depuis bientôt dix ans m’a parlé de ce projet qui m’a tout de suite attirée. Pour elle j’ai l’habitude de dessiner en fonction de thèmes qu’elle choisi chaque saison. Je fais aussi de façon plus personnelle des collages et des dessins qui ont un rapport direct avec les sentiments que je vis, les humeurs que m’inspirent les évènements que je traverse. Là on ne nous impose pas de thème, c’est une carte blanche, et après la visite magique du showroom des faïences de Gien, je me suis tout de suite dit qu’il serait interessant de créer un lien entre l’univers de Laurence Mahéo et de sa marque la Prestic Ouiston, mon univers et celui de Gien, me servir d’une amphore comme de la nouvelle page d’un livre sur lequel Laurence et moi pourrions "écrire ce qui nous touche".
Quelles sont les inspirations auxquelles vous avez fait appel lors de cette collaboration ?
Comme il s’agit d’un anniversaire, cela nous a replongé en enfance, et pour Laurence et moi, l’enfance est directement liée à la voile, le bateau, les voyages, je trouvais que fêter les 200 ans d’une marque aussi prestigieuse que les faïences de Gien était un vrai voyage dans le temps. J’ai dessiné et écrit les mots clés qui font notre petite histoire à Laurence et moi.
Comment avez-vous appréhendé la technicité de cette matière et des savoir-faire de la Faïencerie ?
J’ai eu très peur au moment de la visite du showroom de ne pas pouvoir dessiner directement sur la faïence, je ne dessine qu’au feutres et encre de chine et je ne voyais pas comment procéder. Lorsque les personnes de chez Gien m’ont fait parvenir un échantillon de la faïence sur laquelle j’allais devoir dessiner et que j’ai essayé mes feutres, cela a tout de suite fonctionné, mieux que bien. Dessiner sur ce matériau s’est avéré fantastique, ultra agréable, comme sur le plus doux des papiers.
Comment l'univers de la décoration et des arts de la table, que vous avez approché avec cette carte blanche, entre-t-il en résonance avec votre propre univers ?
Pour moi, l’univers de la table c’est la simplicité, le blanc, j’aime manger dans du neutre. Lorsque j’achète un service dessiné, c’est pour mettre en valeur ce que j’ai de blanc. J’aime que le dessin raconte quelque chose, que ce soit végétal, animal, architectural, abstrait ou très figuratif, il faut que cela ait une résonance avec ce que je vis, comme une oeuvre, un tableau ou une photo.
Que retenez-vous de cette expérience ?
J’ai adoré cette expérience, cela m’a ouvert à un domaine avec lequel je vis mais auquel je ne pensais pas plus que ça, aujourd’hui j’adorerais continuer à dessiner sur de la faïence, penser un service, rentrer chez les gens par le plaisir qu’est la table, les moments de partage, faire partie d’une fête, d’un anniversaire, d’un dîner entre amoureux, en dessinant des objets pour la table afin d’essayer de rendre ces moments encore un peu différents, tenter d’apporter un peu de bonheur dans l’intérieur des gens…
Entrevue avec Stéphanie Bonvicini
Pour quelles raisons avez-vous accepté cette carte blanche avec la Faïencerie de Gien, pour fêter ses 200 ans ?
Qui refuserait de célébrer le bicentenaire d’une Maison d’Art qui appartient au patrimoine vivant et qui raconte, à travers ses pièces et son évolution, la grande Histoire du XXe siècle français ? Pour une esthète ascendant patriote comme moi, céramiste, une telle collaboration artistique, avec une liberté totale, fut un magnifique cadeau.
Quelles sont les inspirations auxquelles vous avez fait appel lors de cette collaboration ?
Mon inspiration est un hommage. J’ai voulu faire un (modeste) clin d’œil à Christo, que j’admire et dont la dernière performance aura été d’empaqueter l’Arc de triomphe la même année que le bicentenaire de la Faïencerie. C’était un immense artiste, mais aussi un artisan d’une technicité hors pair. Il emballait de tissu des pièces et lieux d’exception, il les « habillait ». Pour une carte blanche avec une maison de mode, j’ai juste tiré le fil.
Comment avez-vous appréhendé la technicité de cette matière et des savoir-faire de la Faïencerie ?
En tant que céramiste, je suis familière avec la faïence mais quelle émotion de tenir entre les mains un biscuit si parfait ! J’ai eu envie de recouvrir ce lourd plateau d’une soie aussi douce que son grain, pour épouser ses courbes et lui apporter légèreté et féminité. Je l’ai ensuite recouvert de mes plaques afin de lui apporter de la lumière, comme toutes les pièces émaillées à la Manufacture.
Comment l'univers de la décoration et des arts de la table, que vous avez approché avec cette carte blanche, entre-t-il en résonance avec votre propre univers ?
La résonance? Elle est d’abord sensorielle ! Mes plaques en faïence font exactement le même bruit, lorsque je les entrechoque, qu’une pile d’assiettes ! J’aime la force de la faïence, la lumière de l’email et le tintement des pièces entre elles. Qu’il s’agisse de services très anciens ou de pièces plus modernes, j’aime le bruit de la vaisselle, qui traduit sa fragilité. Il y a peu de choses qui me rappellent autant l’enfance, la transmission, la famille, le beau, le partage. Des valeurs qui me touchent et me consolent. Une table, c’est un lieu qui rassemble tout cela.
Que retenez-vous de cette expérience ?
J’ai été très heureuse d’être choisie par La Prestic Ouiston pour produire une œuvre dans le cadre du bicentenaire de la Faïencerie de Gien. Plus qu’heureuse, j’en ai été honorée. J’ai beaucoup de respect pour toutes ces entreprises qui contribuent à la grandeur de la France. Et c’est la première fois que je prends conscience que la Mode et les Arts de la table auraient mille choses à se dire. Puisque l’art de la table est en réalité l’art d’habiller la table! Tout ramène ces deux univers à l’élégance. L’élégance, une histoire française…

